Vive le vent.

Les cieux jouent des instruments à vent, soufflent, enthousiastes dans les gréements, hurlent des flutes géantes, hantent le lac, le port et les quais. Les vents jouent des percussions, bâches de chantier, barrières de sécurité qui s'écrasent contre les carrosseries, carambolages de voiliers à secs, cannettes de fer blanc, volets qui claquent et stores qui se tordent, branches qui cassent.

Mouettes et vent.Et le froid, en silence, patiemment, mord et raffermit ma joie de vivre.

La force des éléments chasse les débris encombrant, on dirait un chaos, mais voici venu l'ordre, cet ordre qui révèle le foutoir de la civilisation.

Wikileaks diffuse les petits papiers d'avant l'effort de propagande. Et ça révèle aussi, ça révèle oui ce même foutoir que l'on qualifie de civilisation, notre accoutumance et notre dépendance au mensonge. La guerre. Les gouvernements. L'autorité pour notre bien, forcément. Les innocents assassinés par dizaines de dizaines de milliers... Nous? Mais non, mais pas nous, non.

Bien sûr que si.

The government is the problem, dit le gouvernement. Une petite minorité des prolétaires – il y en a encore vous dis-je, plus que l'on en voit à la télé – ajoute: les nantis aussi, les nantis d'abord. Les nantis et leur bras armé, ce gouvernement, sont assurément le problème.

Vive le vent.

Carambolage de voiliers.


Vis comme le vent. Engouffre-toi, déplace ces quelques piles, encore plus fort pour encore plus de delbor, mon amour, sois la bienvenue! Vis comme le vent! Apporte ton urgence, tes bises glaciales et tes fœhns qui ensorcèlent. Poses-y ton sommeil, tes grasses matinées, tes longues soirées industrieuses, envahis-moi donc cet espace de tes 7 théories littéraires à la minute, sois la bienvenue chez moi, chez toi!

Je n'attends que ça, je saurai résister, je saurai affronter, je saurai accueillir.

Vis comme le vent, ce vent qui transporte les nuages, troue le stratus, donne à voir les cieux et le soleil. Vis comme le vent, amène la terre et les feuilles mortes du dehors, et tes images, salis le sol de la cuisine et illumines-en les murs! Glisse tes silences dans ma musique, tes musiques dans mon silence. Oui. Comme le vent. Sans crainte.

Je n'attends que ça, je serai moi, humain et limité, comme le roseau de La Fontaine. Vis comme le vent!

Coucher de soleil.

No comment.