Lanzarote

printemps 2007

à lanzarote rachel à lanzarote thomas
à lanzarote vos yeux et la pulpe de vos doigts
ont constaté les stigmates laïques
de l'europe
jusqu'à ras el oued rachel l'europe
jusqu'à tin zaouatine thomas et encore
jusqu'à beyrouth silopi istanbul
camps de rétention d'attente de détention
de même dans les aéroports internationaux de l'europe
rachel autour des gares thomas et au centre de l'europe
appenzell bâle berne einsielden
petit pays au secret de polichinelle des banques sans frontières
granges mendrisio thônex zoug et zürich
entre les laboratoires pharmaceutiques les champs de chocolat au lait
et de café décaféiné instantanément soluble dans l'eau de vie pure
camps de rétention de détention d'attente avant expulsion
hors de l'europe de shengen des statistiques hors de la loi
et même hors de la vie par la petite porte sur le néant
suicide
et dieu soit loué dieu soit 10'000 x loué les coalisés
d'états et privés nous ont fait de ces bagram et de ces abou ghraïb
qui voilent avec efficacité les habitudes de gestion des respirations migratoires
et des nécessités de l'asile sur le vieux continent ces 3 dernières décennies
16 ans après la chute du mur l'ouverture du rideau de fer des frontières
un nouvel apartheid qui ne dit pas son nom avance déguisé mais sûr
un système de castes administratives du clandestin à l'indigène
ici presque aristocratique
d'un âge qu'il croit respectable alors que l'humanité a 16 ans
la peur et le courage au ventre l'avenir et la joie dans le lobe frontal
des mondes qui n'ont pas encore vu le jour entre les mains entre les doigts
et les petits frères les petites sœurs qui poussent déjà derrière

migreurop : carte des camps

2 commentaires

#1 : 2011-12-22 @ 15:49
Laurence a dit :

Ouf ! Tu ne nous laisses plus respirer tant ton texte est dense, rapide, intense, fort, violent ... Je ne sais pas manipuler les mots comme toi, mais je voulais te dire que je suis vraiment sous le charme. Eh oui, j'aime les choses intenses !

Merci !

#2 : 2011-12-30 @ 11:01
iGor a dit :

Tiens, je suis passé à côté de ton commentaire... Mes excuses.

Ce texte date de 2007. Je vivais comme le disent ces mots. Depuis je me suis un peu libéré de ma propre tyrannie. Mais le sort des demandeurs d'asile parce qu'ils en ont besoin n'a fait que s'empirer...

No comment.