La chute

lune vue de jour à travers un feuillage orangé d'automneLa lune tombe
dans les feuilles de l’automne


Bien souvent lorsque mes mots manquent, je les trouve chez des poètes, en particulier chez un poète que j’aime tant. Ce fut une fois de plus le cas, par un heureux hasard. Quelques heures après avoir écrit mon dernier billet (Flou automnal), j’ai lu un poème de Rainer Maria Rilke qui m’a semblé faire écho aux inexprimables sentiments que j’éprouvais alors.

HERBST

Die Blätter fallen, fallen wie von weit,
als welkten in den Himmeln ferne Gärten ;
sie fallen mit verneinender Gebärde.

Und in den Nächten fällt die schwere Erde
aus allen Sternen in die Einsamkeit.

Wir alle fallen. Diese Hand da fällt.
Und sieh dir andre an : es ist in allen.

Und doch ist Einer, welcher dieses Fallen
unendlich sanft in seinen Händen hält.

Rainer Maria Rilke, Das Buch der Bilder

AUTOMNE

Les feuilles tombent, tombent comme du lointain
comme si des jardins éloignés se flétrissaient dans les cieux ;
elles tombent en un geste de négation.

Et dans les nuits la lourde terre tombe
de toutes les étoiles dans la solitude.

Nous tombons tous. Cette main là tombe.
Et vois les autres : c’est en chacun.

Et pourtant il en est Un, qui retient cette chute
avec une douceur infinie dans ses mains.

J’ai tenté une traduction dont je ne suis pas tout à fait satisfaite. Toute suggestion d’amélioration est la bienvenue!

6 commentaires sur “La chute

  1. bonjour Jeanne !

    c’est toujous un plaisir de découvrir la délicatesse de tes images et de tes mots ! Ton image me fait penser, dans l’esprit , à une photo que j’ai proposée il n’y a pas très longtemps « la pleine lune ».

    Les tons sont ravissants ! Par contre, côté traduction, je serais bien incapable de t’aider ne parlant pas un mot d’Allemand !

  2. @ toutes les deux: merci 🙂
    @ Spiruline: L’association image-mots n’est pas toujours évidente, mais là elle s’est imposée. Alors je suis contente qu’elle parle aussi à d’autres. J’avais envie de mettre en évidence l’analogie, qui apparaît dans le poème, entre le microcosme (si on peut considérer qu’une feuille est de l’ordre du microcosme) et macrocosme.
    @ Laurence: Je me suis empressée d’aller revoir ta photo qui est emplie d’un doux mystère et qui combine aussi, si j’ai bien observé, un premier plan avec feuille et la lune en fond. Il y a une géniale impression de la distance! C’est marrant, car il me semble que la première fois que j’ai vu cette photo, j’ai imaginé qu’il s’agissait d’une ombre de feuilles. J’imaginais quelque chose comme une ombre chinoise.
    Avis à d’autres lecteurs: la photo de Laurence est à ne pas manquer!

  3. @Tania: C’est si bon de trouver du réconfort dans la confiance et les mots d’un auteur.
    @Terre indienne: J’aime beaucoup savoir qu’on peut identifier des sentiments qu’on a soi-même éprouvés, voire parvenir à les exprimer grâce à ce qu’on reçoit ici ou là sur un blog ou un autre, ce qu’on lit dans un livre, ce qu’on voit dans la nature, bref dans le partage. Heureuse que cette photo vous parle!

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