Je lutte donc je suis.

Peut-être as-tu été surpris par la « sauvage » qui s'est déroulée en ville de Genève le 19 décembre de cette année finissante. Peut-être ne l'as-tu pas été tant que ça. Peut-être as-tu, ou n'as-tu pas été, encore une fois étonné par le compte-rendu des événements proposé par les voix de leurs maîtres, qu'on appelle encore, certainement par un vieux réflexe, les « medias », ainsi que par les réactions de nos « élus » — ce qui nous fait une bien sale gueule … —, le tout dans le ton donné par le chef d'orchestre de la liberté d'expression, à savoir la polstice, tant il est vrai que la séparation des pouvoirs est une ânerie pour amuser la galerie, qui n'a plus à être amusée.

On a beaucoup lu que cette manifestation avait dégénéré, ce qui dépend passablement des points de vue. Il semble que pour une partie au moins des personnes ayant participé à celle-ci, on ne puisse parler en ces termes. Disons qu'elle n'a ni plus ni moins dégénéré que certains débats budgétaires et de votation. Non, personne ne dégénère, pas plus aujourd'hui qu'hier.

J'ai trouvé relativement difficile d'expliquer ce qui s'était passé. Ce qui est étrange, parce que les quelques fois où je l'ai fait oralement, le message a été aisément compris. Et pour comprendre, il n'est pas nécessaire d'approuver, que ce soit le fond et/ou la méthode. Mais il faudrait se remettre à vivre un temps plus long que nous n'en sommes collectivement capables aujourd'hui. Pour s'informer, c'est une évidence, il faut commencer par libérer notre regard de ce qui scintille à la surface et qui n'a aucune épaisseur, que ce soit cette télé obsolète, les dépliants publicitaires imprimés ou électroniques, et même les « réseaux sociaux » dont l'instantanéïté rend difficile la prise de recul.

Tu peux aller lire ce qui se dit sur renverse.ch, par exemple le texte intitulé Genève brûle ?.

Pourquoi donc chercher à comprendre ? Pour savoir où l'on met les pieds, tout simplement. Que les relais et les laquais des possédants prétendent ne pas comprendre ou ne pas vouloir le faire est une chose entendue, attendue. Que l'on s'y rallie, sans même s'observer marcher au pas, en est une autre. C'est une habitude à abandonner. Qui n'existe que par la croyance qu'il y a quelque chose à perdre, et surtout qu'il est possible d'y échapper en restant sagement à sa place, entre la carotte et le bâton. Alors que cette place, cette carotte et ce bâton sont déjà perdus. Il n'en est plus question. La question est : que construisons-nous ? Ou plutôt, allons-nous participer à cette construction qui est en train de se faire ? Plus précisément encore : à ces constructions diverses, contradictoires, parfois aveugles, parfois conscientes, certaines qui nous assurent des places coincées entre deux bâtons, d'autres qui dressent la liste détaillées des limites du réel, afin de mettre en évidence la multiplicité des possibles en les expérimentant.

Jusqu'ici, je n'ai pas beaucoup participé à l'exploration présente des demains. Ce qui revient à dire que j'ai en bonne partie abandonné cette initiative aux forces qui nous conduisent dans le mur, dans l'abîme. La culpabilité ne me fera pas avancer. Le désir de vivre beaucoup plus. Et surtout, le plaisir de le faire.

J'ai eu envie de te dire ces quelques mots en regardant un film, sur Youtube : Je lutte donc je suis de Yanis Youlountas. Je t'encourage vivement à prendre le temps de le regarder !

No comment.