À l'envers.

Écrire, même rarement, même quelques mots épars, et le faire dans un espace public, entraîne des réactions. En est-on responsable ? Certainement. Jusqu'ici, dans la version 03 de blogiGor, deux petits textes ont générés des réactions AFK : Absence de bip et Document sans titre.

Dans les deux cas, au moins une personne s'est fait suffisamment de souci pour avoir cherché à me contacter. Ce que je peux comprendre. J'en avais quelque part conscience au moment de la rédaction, une interprétation possible allait dans le sens de l'interruption volontaire de vie. Pourtant, mon intention était l'exact contraire.

Mon intention correspond assez bien au commentaire d'idoric, à de petits détails près. Seulement, j'ai besoin d'exprimer cet objectif d'une manière renversée, afin de faire la nique au tyran, ce tyran qui m'habite et que j'emporterai dans ma tombe, sur le bûcher ou à la potence, qui sait ? Je ne sais pas m'accrocher sans lâcher prise, je ne sais pas continuer sans quitter le champ de bataille. Que les courageux choisissent le suicide, ce n'est pas ma voie. Réussir et vaincre résonne dans les espaces de mes connotations comme l’assujettissement aux pulsions morbides.

Incohérent, contradictoire. Je n'en démordrai pas : la vie n'a pas de sens. C'est pourquoi elle est si précieuse. Aucun besoin de justification. Je suis vivant, pour rien, parce que rien. Je n'ai pas décidé de vivre. Je ne déciderai pas de mourir. C'est une revendication. Un point serré, levé, cette incompréhensible insignifiance, si discrète dans l'Univers. Un éclat de rire, une étincelle dans une larme.

La volonté m'a le plus souvent conduit vers l'abîme. Ce n'est qu'après l'abandon que mon chemin a repris la direction de la surface. Je ne dis pas que je n'ai pas dû en quelque sorte agir, mais c'était plus l'effort de ne pas se laisser aller à la volonté. Nager dans le sens du courant.

Alors, quand je me sens à bout, épuisé, insatisfait, je retrouve avec quelques mots le souvenir de la vie nue. Le noyau, ma particule élémentaire. Et j'ai besoin de la raconter avec ces expressions qui peuvent inquiéter, je veux bien l'admettre. C'est une inquiétude que je juge utile pour déjouer mon tyran, ce tyran qui reflète, intériorise si bien le discours et l'(in)conscient collectifs barricadés derrière la "réussite", le "développement personnel", la "réalisation de soi", les "projets" et toutes ces foutaises qui nous divertissent.

Je suis quelque peu attaché à mon animalité, à ma finitude. La fissure par où s'échappent quelques éclaircies.

lever de soleil au-dessus des montages et des nuages

No comment.