Brouiller la tristesse

statue en bronze, buste d'homme,"Clandestins : afin que leur silence devienne parlant"
"Clandestins : afin que leur silence devienne parlant", statue de Ousmane Sow

Faut brouiller la tristesse
quand elle vient noircir l’image
arracher les racines qu’elle ancre au coeur
avant que le coeur n’étouffe
avant que le souffle ne manque
que l’atmosphère viciée
ne ronge l’oxygène
arracher les herbes de malheur
empêcher les graines de colère
de lever –
faut brouiller la tristesse

Faut sécher les larmes
quand elles viennent brouiller la vue
panser la plaie qu’elles révèlent au coeur
avant que le chagrin n’inonde
avant que le coeur ne se noie
et que le corps gorgé
ne s’alourdisse
panser la blessure
empêcher l’eau
d’effacer –
faut sécher les larmes

Faut adoucir l’amertume
quand elle vient ternir la photo
apaiser la brûlure du ressentiment
avant que la saveur du désir ne disparaisse
avant que l’envie ne dégoûte
que le plaisir ne s’égoutte
et que le fruit mûr – goûteux –
ne tombe
flétri
pourri
indifférent
apaiser la rancoeur nourrie de silence
empêcher la tristesse
de s’étendre
au coeur –
faut adoucir l’amertume

Faut brouiller la tristesse
détourner le regard
amorcer un pas de danse
ébauche d’un sourire
trois petits tours et puis s’en vont

s’en retourner chercher le bonheur
malgré

 

8 commentaires sur “Brouiller la tristesse

  1. Merci Jeanne pour ces moments de poésie, au doux parfum mélancolique. J’aime cette articulation entre photographies et mots, la rythmique qui sied si bien à nos émotions émergentes.

    Décidemment, je deviens addict à ces variations photographiques 🙂

    Merci et bon dimanche!

    1. Un grand merci pour ce message qui me met du baume au coeur et qui exprime si bien le sens que j’aimerais donner à ce blog. Une simple volonté de dire et de faire voir au gré des sentiments, au fil de la vie. Suis heureuse de savoir que des échos résonnent ailleurs! Merci encore 🙂

  2. Ton image et ton texte ont une résonnance toute particulière pour moi ce matin. Ce w-e, j’ai entendu une phrase qui m’a interpellée: « le bonheur, c’est le chagrin qui se repose ». Je crois que je préfère la tourner dans l’autre sens. Ton texte est vraiment très beau Jeanne!

  3. Bonjour jeannne ! Un magnifique texte qui ne peut que nous interpeller ! La photo est très intéressante également. Le flou qui enrobe le visage sied particulièrement bien à ton texte !

  4. je regarde la photo … oui bien sûr la tristesse ! et puis votre texte qui l’illustre si bien
    parce que pour moi, une photo n’illustre pas forcément un texte mais un texte illustre toujours une photo …

    1. @ Spiruline: Merci pour cette belle phrase! J’aime beaucoup l’idée de la modifier et d’en faire une sorte de version améliorée. J’adhère et la garde précieusement pour les jours de brouillard. 🙂
      @Laurence: Pour la photo, c’est une photo faite à la mode lomographie, avec mon Holga en plastique et un filtre de couleur qui floute. C’est étonnant ce qu’on peut faire avec un minimum… bien que les photos réussies soient en minorité…
      @Véronique: Pour l’illustration, peut-être que ça dépend de ce qui est fait en premier (photo et texte) et de l’intention aussi. Mais peut-être voulez-vous simplement dire qu’un texte porte toujours une image en lui-même et qu’ainsi il illustre toujours une photo…

    1. Un grand merci! Pour la coloration étonnante de la photo, j’ai été bien aidée par le filtre de couleur 🙂 et je dois avouer que c’était un essai. Il y a parfois d’heureux hasard!

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