Minces vies

« Écrire?

Oui, pour susciter présence
de toutes les vies
surtout les très minces »

Marie-Claire Bancquart, Violente vie, Ed. Le Castor astral, 2012.

En lisant ce magnifique petit poème ici, je n’ai pu m’empêcher de faire le lien entre écriture et photographie! Qu’est-ce que la photographie, si ce n’est une manière d’écrire? Écrire avec la lumière, inscrire, rendre compte d’une présence, présenter, représenter. Ce poème résume ma conception de la photographie:

Photographier?

Oui, pour susciter présence
de toutes les vies
surtout les très minces

Ces minces vies sont ces instants éphémères que la photographie capte, fixe et ainsi rend visible. Ce sont ces morceaux de vie qui frémissent et passent. J’aime ces minces vies qui sont, pour moi, l’essence-même de la vie humaine. Une fleur qui éclot, s’épanouit, puis se fane. Une goutte d’eau qui se pose sur des brindilles d’herbe, brille, puis s’évapore. Un rayon de soleil qui traverse un instant un pétale, puis disparaît.  Ce sont autant de formes de résistance à la déshumanisation, à la mécanisation, à l’électronisation, à cette humaine tentation de pérennité, à cet irrationnel désir de conserver, fixer, préserver. Pour l’éternité.


Variations à ras les pâquerettes… souvenirs de Berne.

gouttes d'eau dans l'herbe, premier plan flou

gouttes d'eau dans l'herbe, illuminées par un rayon de soleil

gouttelette sur une brindille d'herbe

gouttelettes d'eau dans des herbes, flou et saturation

gouttelette d'eau sur une herbe verte, position paysage

goutte d'eau sur le sommet d'une herbe, non saturé

petites fleurs jaunes avec bokeh vert en arrière-plan

15 commentaires sur “Minces vies

    1. Oui pourquoi pas… de toute façon c’est photographier l’absence d’une certaine manière, comme la chose photographiée, ce qu’on retient d’elle à un certain moment, est déjà passé, n’est déjà plus elle-même telle qu’elle était exactement. Et puis il y a toutes ces photos qui suscitent une absence, car elle ne donne pas à voir la réalité telle qu’on a l’habitude de la voir, telle qu’on la connaît même. Elle révèle ce que l’on peut prendre pour des absences à défaut de savoir, de connaître, de comprendre… Il s’agirait d’une photographie de l’absence grâce à une sorte d’illusion… du moins c’est ainsi que je le comprends. Merci pour ta réflexion 🙂

    1. Merci Marie 🙂 La magie réside évidemment dans la nature elle-même et sa modeste magnificence qu’elle nous rend accessible, en s’offrant à notre oeil, à notre corps, à notre objectif. La magie est dans la combinaison des différents éléments (herbe, lumière, eau de pluie…). La magie est probablement aussi dans les forces qu’on trouve à saisir son appareil photo après une longue journée de travail. (Du moins pour moi ;))

    1. C’était une belle lumière du matin, douce et chaude, qui venait chauffer les gouttes de pluie de la nuit. Il m’a suffit de me baisser un peu pour saisir cela.

  1. Très belle série (et c’est vrai que c’est magique de trouver la force de photographier, après la longue journée de travail ou tout simplement dans ce monde), très belle série donc qui illustre magnifiquement ces propos sur la photographie.

  2. Tellement vrai « ce désir de fixer, préserver » .. et tes choix d’images le représentent si bien !
    Je trouve la seconde photo vraiment très belle ;-))

  3. @*Terre indienne* et Marie: Merci! Série même pas réalisée avec un macro, mais avec un objectif qui a une belle précision (c’est visible si on agrandit les photos).

    1. Merci, et c’est de la vraie rosée matinale! Pas comme la fois où un photographe expérimenté est venu sprayer ma rosée à 15h de l’après-midi et ayant l’air convaincu de l’effet de rosée matinale 😀 Je suis touchée par ton passage.

    1. Merci! C’est vrai qu’elle a quelque chose de rafraîchissant et de pictural avec toutes ces gouttelettes en premier plan.

    1. Merci! A vrai dire, j’ai pris ces photos alors que je me rendais à mon travail. Donc je n’avais pas le temps de prendre du temps. Toutes les conditions étaient réunies: la rosée matinale, le soleil et l’herbe à la hauteur de mon objectif (je ne suis pas très grande ;))… C’est tout. Je n’ai pas post-traité les photos, je ne sais malheureusement pas le faire ou seulement très mal. Donc les effets sont des effets « nature » 🙂

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