Propriétaire

Hé ben c'est mieux !

Ni bonjour, ni au revoir. Le propriétaire regarde le locataire du rez-de-chaussée comme un patron regarde un employé : chose interchangeable. Sous le règne de la liquidité, tu n'es qu'un flux. Ce doit être cela le primat de l'individu. Il n'est d'être humain que les propriétaires. Plus précisément : il n'est d'être humain que ceux qui se sont approprié les Untermenschen. Une brûlure, les tripes nouées.

Ni bonjour, ni au revoir. Il t'a fait envoyé une lettre pour que tu retires la décoration sur la porte du 2 pièces que tu loues. Tu t'es exécuté. En passant, il regarde la porte et ne te vois pas. Juste quatre mots, pour lui-même. Cet immeuble sera désormais comme une terre étrangère à mes yeux. Un pierrier hostile. Sans poésie.

Le propriétaire s'est construit un appartement de 200m2, en obtenant de son larbin du gouvernement des propriétaires quatre dérogations à deux lois. La loi, c'est pour les miséreux. Le propriétaire va venir habiter dans son immeuble, là où vivent ses propriétés. Il suffit qu'il arrive pour que le standing du bâtiment s'envole. Et c'est une très mauvaise nouvelle pour les propriétés.

Je croyais avoir plein de choses à dire. Je n'ai que de la colère rentrée. Je veux simplement ne pas me tromper de cible. La menace ne vient pas du fond de la cour, mais bien des toits en terrasses.

La propriété, c'est d'abord un rapport de force, de pouvoir, l'exercice de la violence.

No comment.