Paroles de sagesse II

panneau avec l'inscription "indignons nous Genève" en premier plan, arrière-plan parc des Bastions et mur des Réformateurs de Genève

Un petit collage de citations tirées du discours que Friedrich Dürrenmatt a tenu le 22 novembre 1990 à Zürich lors de la remise du prix Gottlieb Duttweiler à Václav Havel. Ce premier passage exprime ce qu’il est essentiel de préserver coûte que coûte pour assurer le bien, la dignité de l’être humain.
« Ce que l’individu peut exiger, non seulement peut mais doit exiger, c’est ce que vous avez exigé, Václav Havel, les droits fondamentaux, le pain quotidien pour chacun, l’égalité devant la loi, la liberté d’opinion, la liberté d’association, la transparence, la suppression de la torture, etc., et tout cela ne sont pas des utopies, mais des choses qui vont de soi, des attributs de l’homme, des signes de sa dignité, des droits qui ne violent pas l’individu mais qui rendent possible sa coexistence avec les autres individus, des droits qui sont l’expression de la tolérance, des règles de la circulation, pour le dire sommairement. » ( Friedrich Dürrenmatt, Pour Václav Havel, p.19)

Dans ce même discours, un peu avant le passage ci-dessus, l’écrivain suisse cite quelques lignes d’un essai de Václav Havel intitulé « Le pouvoir des sans-pouvoir », où ce dernier dénonce les travers de la « liberté occidentale » et du capitalisme.
« Il semble bien que les démocraties parlementaires traditionnelles ne proposent pas de moyen de faire front de manière fondamentale à la « gravitation » de la civilisation technique et de la société industrielle de consommation. Elles aussi sont à sa remorque et impuissantes à s’y opposer. Seule la façon dont elles manipulent l’individu est infiniment plus subtile et plus raffinée que les manières brutales du système post-totalitaire. Mais tout cet ensemble statique de partis de masses sclérosés et agissant politiquement de manière tellement intéressée, ces partis dominés par des appareils professionnels qui déchargent le citoyen de toute responsabilité concrète et individuelle, toutes les structures complexes des foyers expansifs et manipulateurs d’accumulation du capital, le diktat omniprésent de la consommation, de la production, de la publicité, du commerce, de la culture de consommation, ce submergement d’informations, tout cela – tant de fois analysé et décrit – peut difficilement être considéré comme la voie grâce à laquelle l’individu aurait quelque perspective de se retrouver lui-même. » (Václav Havel, Le pouvoir des sans-pouvoir, in: Pour Václav Havel, Friedrich Dürrenmatt, p. 16-17)

A la suite de cette citation, Friedrich Dürrenmatt affirme encore ce qui suit:  » Chez nous [en Suisse] aussi, la politique s’est retirée de l’idéologie pour se loger dans l’économie, ses questions sont des questions économiques. Quand l’Etat a-t-il le droit d’intervenir, et quand non, quand doit-il subventionner, et quand non, que faut-il soumettre à l’impôt, et quoi non? Les salaires, le temps libre sont négociés. » (Friedrich Dürrenmatt, Pour Václav Havel, p. 17-18)

Le lien ci-dessous indique clairement que tous ces problèmes sont encore et toujours d’actualité. Quand assurera-t-on la dignité humaine de manière égalitaire, sans privilège, et sans lui préférer la rentabilité?
http://www.itele.fr/video/usa-la-loterie-de-lespoir

3 commentaires sur “Paroles de sagesse II

  1. Il est souvent question de Václav Havel ces derniers temps… (vu qu’il est mort le 18 décembre 2011).

    Par exemple :

    Pour décrire la situation [la crise qui a commencé en 2007], et aussi rendre hommage à Vaclav Havel on pourrait citer sa phrase : « l’élément tragique de l’homme moderne, ce n’est pas qu’il ignore le sens de la vie, c’est que cela le dérange de moins en moins ». On pourrait paraphraser Havel en disant que l’élément tragique de cette crise, ce n’est pas qu’on ignore sa gravité, mais qu’elle semble nous mobiliser insuffisamment.

    Lire Bernard Stiegler : la déraison généralisée du court termisme

  2. Merci Jeanne pour ces textes. Oui, il sont décidément d’actualité aujourd’hui autant qu’hier. Mais je veux croire et faire en sorte, à mon petit niveau, que les choses changent !

  3. Nos gouvernements à la remorque des multinationales : cette crainte formulée il y a longtemps est devenue réalité, et la fuite en avant se poursuit avec la mainmise des marchés financiers sur nos sociétés. Que de combats encore à mener !
    Je n’ai lu de Vaclav Havel que ses lettres de prison à sa femme Olga, mais j’en ai gardé de l’amitié pour lui et j’admire son travail.

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