Des martinets qui tournoient
Des martinets qui tournoient
j’aimerais la vitesse
des martinets qui tournoient
j’aimerais l’ivresse
ballet des ivrognes
Des martinets qui tournoient
j’aimerais l’insouciance
des martinets qui tournoient
j’aimerais le cri et la gaieté
danse des fous
Des martinets qui tournoient
j’aimerais l’agilité
des martinets qui tournoient
j’aimerais l’inaccessibilité
oscillement des funambules
Des martinets qui tournoient
j’aimerais une plume
des martinets qui tournoient
j’aimerais un battement d’ailes
gigue des artistes
quitter un instant la terre et ses embourbements
sans pourtant perdre pied
dans l’immensité
regarder en l’air
– ancrée
le corps lié à sa pesanteur –
et surprendre ces volutes
sous la voûte bleutée
Funambule habile
qui ne peut mettre pied à terre
condamné à virevolter
sur le fil ténu de l’air
je ne veux que rêver
de ton vol et de ta fougue
de ta hauteur et de ton souffle
acrobate heureux
je veux te voir de là
en-bas
heureuse
renonçant au prix de ton sacrifice
de trop grandes ailes
pour d’inaccessibles sommets
Mon vol m’a poussé jusqu’ici ce matin
merveille des merveilles … quel bel espace
tout en finesse et subtilité
d’une beauté éthérée
merci
Beau dimanche
bel été
» Le martinet
Martinet aux ailes trop larges, qui vire et crie sa joie autour de la maison. Tel est le coeur.
Il dessèche le tonnerre. Il sème dans le ciel serein. S’il touche au sol, il se déchire.
Sa repartie* est l’hirondelle. Il déteste la familière. Que vaut dentelle de la tour ?
Sa pause est au creux le plus sombre. Nul n’est plus à l’étroit que lui.
L’été de la longue clarté, il filera dans les ténèbres, par les persiennes de minuit.
Il n’est pas d’ yeux pour le tenir. Il crie, c’est toute sa présence. Un mince fusil va l’abattre. Tel est le coeur. »
René Char
Bienvenue et merci! Vos quelques mots m’ont beaucoup émue. Et j’ai apprécié découvrir ce magnifique texte de René Char que je relis régulièrement. En espérant toujours échapper à cette chute… c’est très beau chez vous aussi. Je vais bientôt prendre le temps de venir m’y exprimer. Merci encore!
Très graphique et poêtique. J’aime beaucoup.
Merci du passage! Ca fait plaisir de recevoir de nouveaux regards. Oui, j’aime bien cet effet graphique. Mais je me suis demandée si j’aurais dû retravailler les contrastes pour renforcer cette impression. Pour finir, j’ai préféré pour différentes raisons les laisser telles quelles.
très beau texte, et jolie série de photos bien minimalistes.
Quand l’essentiel est dit en quelques battements d’ailes, on ne peut faire autrement que d’être un peu minimaliste… 😉
Le texte est magnifique + les martinets qui font le spectacle, tout cela colle parfaitement ;-))
Merci d’avoir combiné texte et image, j’aime la manière dont tu le formules. Spectacle. C’est ce que j’observais depuis le rez-de-chausser pendant quelques semaines, le soir. Là, mes tendres martinets semblent déjà s’être rendus un peu plus loin. Leurs cris me manquent.
Oh ! Réussir à capturer les martinets en vol ! Bravo, Jeanne. Ils écrivent à l’encre de Chine sur le ciel, si vite que nous ne pouvons les lire.
Merci pour ces lignes inspirées. Leur légéretè nous allège.
Merci Tania pour cet enthousiasme! J’aime beaucoup l’image que tu associes au vol des ces oiseaux. C’est aussi ces formes étonnantes qu’ils prennent pendant leur vol qui m’ont le plus impressionnée. Une langue aux lettres mystérieuses.
… légèreté des accents…
Une très belle série qui me fait penser à de belles peintures chinoises anciennes, tout en légèreté, un unique trait de pinceau sur du papier de riz, superbe!
Oh cette image me plaît aussi! L’appareil est bien comme un pinceau chinois qui doit se mouvoir avec grâce et simplicité: il suit tout un tracé pour arriver à saisir en un déclenchement une figure de l’oiseau. « papier de riz », ça me fait rêver, je n’en ai jamais touché… mais ça me rappelle les fines galettes de riz que j’aime tant manger en rouleau d’été. 🙂
Ils tracent des arabesques à l’encre de chine, sur la page vierge du ciel… Et toi aussi Jeanne. Un mot : Beau !